Jusqu’à présent, il y avait peu de connaissances sur la répartition des espèces en milieu urbain ou péri-urbain en Guyane. Cependant, ce sont sur ces secteurs à proximité des villes que les enjeux de développement sont aujourd’hui grandissants. En effet, dans un contexte démographique dynamique et de besoins en logements en constante évolution, des opérations d’envergure – Opérations d’Intérêt National (OIN) – ont été décidé sur ce territoire d’Outre-mer.
Des corridors écologiques avaient été identifiés par analyse cartographique par Biotope il y a quelques années.
Dans le cadre du projet TRAMES, le GEPOG (partenaire de la LPO en Guyane) et Kwata, deux associations naturalistes guyanaises,reprécisent ces corridors afin de décliner la trame verte et bleue régionale à l’échelle de l’agglomération de Cayenne, principale ville de Guyane Française.
L’une des composantes du projet TRAMES, co-financé par l’Union Européenne grâce aux fonds FEDER, est d’améliorer l’effort d’inventaires sur la faune et la flore (oiseaux, micro-mammifères, odonates, chiroptères, amphibiens, poissons et plantes aquatiques envahissantes) encore présentes sur les secteurs anthropisés. C’est également de proposer aux aménageurs (collectivités, EPFAG...) les outils appropriés pour mieux concilier aménagement et circulations des espèces impactées. Ainsi, les corridors seront cartographiés à l’échelle de la parcelle pour qu’ils puissent être retranscrits dans les documents d’urbanisme (SAR, SCOT, PLU).
Enfin, le grand public et les scolaires sont sensibilisés aux enjeux dans le cadre d’interventions pédagogiques.
Les résultats du projet TRAMES sont déjà des outils importants pour des professionnels de l’environnement tels que Thibaut Foch, conservateur de la Réserve Naturelle Nationale du Mont Grand Matoury et salarié de l’ONF.
Cette réserve est un espace naturel protégé situé aux portes des agglomérations de Matoury, Remire Montjoly et Cayenne. Grâce à cette proximité, les citadins peuvent y trouver un terrain de sport, un havre de paix, ou bien un lieu où passer du temps en famille et entre amis.
En plus de ces différents services écosystémiques, la RNN joue un rôle de réservoir de biodiversité pour la faune et la flore locale et les usagers peuvent y observer de nombreuses espèces de singes, d’amphibiens endémiques et d’oiseaux.
Cependant cette diversité est menacée par l’urbanisation croissante qui menace de détruire les corridors écologiques qui relient cette réserve à d’autres zones de nature situées dans et en dehors des agglomérations. Or si la connectivité écologique est coupée, cela entraînera un appauvrissement de la faune et de la flore qui se trouvera confinée dans les limites de la réserve sans qu’il puisse y avoir d’échanges génétiques avec l’extérieur.
Le conservateur de la réserve, en concertation avec les trois co-gestionnaires de la réserve, l’Office national des forêts, la Sepanguy et la mairie de Matoury, joue un rôle important de sensibilisation auprès des acteurs de l’aménagement du territoire pour qu’ils prennent en compte ces corridors écologiques dans les projets d’urbanisme. En effet, de nombreux projets de construction de logements, de zones économiques ou de routes menacent directement la zone tampon et les corridors écologiques connectés à la réserve.
A titre d’exemple, face à une augmentation importante de la population, l’État français a décidé de construire des infrastructures (logements, commerces, services…) dans la zone dans le cadre de plusieurs Opérations d’Intérêt National (OIN) mis en œuvre par l’EPAG (Etablissement Public d’Aménagement de Guyane), en plein cœur des trois corridors majeurs de la réserve. Garder des trames vertes au sein des projets OIN est une donc priorité pour conserver la fonctionnalité écologique de la réserve.
Photo aérienne de la RNN du Mont Grand-Matoury :