Végétalisation des bâtiments : Quelle efficacité pour la biodiversité ?

La fiche "Végétalisation des bâtiments" présente les idées échangées lors de la réunion du Club U2B du 10 décembre 2013.

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Végétalisation des bâtiments
Végétalisation des bâtiments

De nos jours, les projets de végétalisation des façades et des toitures des bâtiments deviennent de plus en plus fréquents. Ils sont même souvent demandés par les maîtres d’ouvrage pour des aspects environnementaux. Cependant, les nombreux arbitrages, notamment financiers, limitent les projets dans leurs ambitions. Les professionnels se sont actuellement adaptés à ces contraintes mais les objectifs initiaux d’isolation thermique, de rétention des eaux pluviales, d’amélioration de la qualité de l’air ou de préservation de la biodiversité sont devenus peu efficaces. Il convient donc de faire le point sur les règles à respecter pour rendre leur efficacité à ces techniques tout en favorisant la biodiversité localement.

Pourquoi végétaliser les bâtiments ?

Hormis pour des considérations esthétiques, la végétalisation des bâtiments est souvent mise en avant afin de répondre à des demandes en termes d’écologie urbaine. Ces arguments se basent sur des services écosystémiques parmi lesquels :

  • La protection des matériaux de toiture contre les fortes chaleurs ;
  • Les isolations thermiques et phoniques du bâtiment par l’épaisseur de la couche végétale ;
  • La rétention des eaux pluviales et une redistribution échelonnée hors du bâtiment avec éventuellement une phytoépuration possible ;
  • La limitation de l’effet d’îlot de chaleur urbaine par le rafraîchisse-ment de l’air via l’évapotranspiration végétale et le stockage de l ’eau ;
  • La filtration des pollutions de particules fines et de certains polluants et le stockage du carbone.

Sur les aspects "biodiversité" nous pouvons citer :

  • La création de milieux favorables à l’accueil de la faune pour s’alimenter, se reposer ou y nicher
  • La participation à la prise en compte des trames vertes urbaines en l’incluant dans le tissu végétal déjà présent (jardins, parcs, alignements d’arbres...)
  • L’amélioration du cadre de vie des habitants
    Malheureusement, les techniques employées, particulièrement sur les végétalisations de toitures sur de très faibles épaisseurs, ne permettent pas de répondre à ces objectifs.
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Méthodes de suivi des bâtiments végétalisés

De nombreux bâtiments sont aujourd’hui végétalisés. Des actions doivent être mises en œuvre afin d’améliorer le potentiel d’accueil de la biodiversité sur ces bâtiments végétalisés et d’évaluer leur efficacité écologique, économique et sociétale. Dans cette optique, GECINA travaille, en partenariat avec la LPO et de nombreuses autres structures, sur la mise en place d’une méthodologie d’analyses qualitatives de ces bâtiments végétalisés. Ce projet est réalisé dans le cadre d’un appel à projet de la ville de Paris appelé « Végétalisation innovante ». Après avoir défini précisément le protocole d’étude, un suivi sur trois années de la faune et de la flore sera réalisé sur un ensemble de bâtiments végétalisés sélectionnés. A l’issu de ce suivi les résultats pourront être publiés au travers du Club U2B.

Les toitures végétalisés

Les toitures végétalisées aujourd’hui

En fonction de l’épaisseur du substrat, on peut différencier actuellement trois types de toitures végétalisées :

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  • La toiture intensive [1] : substrat > 30 cm de profondeur entrainant une surcharge de structure dépassant les 350 kg/m2 et pouvant accueillir de petits arbres ;
  • La toiture semi-extensive : substrat situé entre 12 et 30 cm de profondeur avec une surcharge de structure située entre 150 et 350 kg/m2 et pouvant accueillir une strate buissonnante et une végétation herbacée variée ;
  • La toiture extensive : substrat < 12 cm de profondeur entrainant une surcharge de structure située entre 60 et 180 kg/m2 et ne pouvant accueillir de végétaux bas, généralement des plantes grasses de type Sedum ;

Le cas des toitures extensives

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Aujourd’hui, les toitures extensives représentent 95% des toitures végétalisées. Ce sont, dans la grande majorité des cas, des structures à base de sédums monoclonaux principalement sur substrats minéraux (type pouzzolane par exemple) avec système d’arrosage automatique. S’ils peuvent répondre à certaines demandes (aspects, coûts…), ils ne répondent généralement pas aux attentes environnementales (dont la conservation de la biodiversité). Bien au contraire, l’analyse du cycle de vie au travers des techniques de production des végétaux utilisés, de la production et des impacts de l’extraction des substrats proposés et de l’entretien préconisé (arrosage notamment) affiche un bilan écologique souvent négatif. Enfin, l’argument selon lequel ces toitures jouent un rôle dans les services écosystémiques semblent être largement surévalué et voire même contredit par les études actuelles. Pour atteindre ces objectifs, la couche de substrat devrait atteindre une épaisseur suffisante afin d’améliorer l’inertie thermique et hydrique de la toiture. Cette épaisseur supplémentaire offrirait de plus, des conditions favorables à une végétation plus variée, davantage propice à l’installation d’une plus grande biodiversité.

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Quelques règles pour une toiture végétalisée favorable à la biodiversité

Voici quelques éléments importants à respecter afin de favoriser la biodiversité sur les toitures végétalisées :

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La végétalisation des façades

Deux méthodes de végétalisation des surfaces verticales sont employées actuellement. Les techniques mises en œuvre, les rendus esthétiques ou les coûts sont très différents et il convient de définir clairement ses objectifs en fonction des techniques choisies. On distingue ainsi les façades et les murs végétalisés :

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Pour aller plus loin :

Collectif. (2011). Réaliser des toitures végétalisées favorables à la biodiversité. Natureparif.
Collectif. (2013). Guide de Bonnes Pratiques des Enveloppes Végétalisées du Bâti. Le Vivant et la Ville.
DUNNETT, N., & KINGSBURY, N. (2005). Toits et murs végétaux. Editions du Rouergue.
IDDR/Université Catholique de Lille. (s.d.). http://www.biodiversite-positive.fr/.
LPO/CAUE Isère. (2012). Guide technique : Biodiversité et bâti. Grenoble.
Natureparif. (2012). Bâti en favorisant la biodiversité. Victoires Éditions.
Ville de Neuchâtel. (2009). La végétalisation des façades et des murs.

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[1Dans la typologie des toitures végétalisées, la notion d’intensif/extensif est l’inverse de celle utilisée en agriculture. Les termes ne s’appliquent pas ici à la technique de production mais au type végétal produit.

Urbanisme Bâti et Biodiversité

Avec le soutien financier de :

Conseil Régional d’Aquitaine

Fondation Gecina