Nature en ville et aménités environnementales

La fiche "Nature en ville et aménités environnementales" présente les idées échangées lors de la réunion du Club U2B du 17 juin 2014.

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Nature en ville et aménités environnementales
Nature en ville et aménités environnementales

Les aménités environnementales sont l’ensemble des bienfaits que procure la nature pour l’homme. La biodiversité en ville concourt à ce sentiment de bien-être. Des études de psychologie attestent désormais de cette relation bénéfique de la nature pour l’homme. Il convient maintenant de repenser la ville en prenant en compte ces paramètres au moment où un premier label étudie ces aspects dans les projets de construction.

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Éléments de définition

On applique la notion d’aménité environnementale afin d’évoquer les apports de la nature à l’homme en terme de bien-être, d’inspiration artistique ou spirituelle. Nous verrons par la suite comment la psychologie et la sociologie se sont emparées de cette question afin d’évaluer scientifiquement cette notion et d’en évaluer sa véracité.

Plus largement, on peut rapprocher la question des aménités environnementales à ce que le grand biologiste E. O. Wilson appelle la biophilie. Il l’a défini comme l’attirance de l’homme pour la nature qui est l’expression d’un besoin inné d’établir une relation avec le monde vivant. Elle s’inscrirait dans le patrimoine génétique de l’homme, du fait d’une relation homme/nature fruit de l’évolution durant plusieurs millions d’années.

En 2005, le Millenium Ecosystème Assessment (MEA) réunissant 1360 experts internationaux travaillant sur les apports de la nature à l’homme, popularise la notion de services écosystémiques. Les aménités environnementales en sont une partie intégrante aux travers des services culturels de la nature.

L’apport des sciences humaines

Bien que les premières recherches en psychologie étudiant les impacts de la nature sur l’homme soient encore récentes, de nombreuses pistes attestent d’une fonction positive. Dans de nombreux secteurs de la société, l’interaction homme/nature semble être favorable : santé, productivité au travail, apprentissage, relations sociales...

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Malgré ces études favorables pour un retour de la nature en ville, précisons que dans ces nombreuses recherches, la qualité écologique des sites d’études n’est pas précisée. Ainsi, c’est souvent la présence du végétal qui aurait une influence. Il convient donc de poursuivre les études afin d’affiner nos connaissances sur l’impact de la nature "sauvage" dans les villes et donc à une biodiversité plus variées.

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Intégrer les aménités dans la construction : le cas du label BiodiverCity

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Le label BiodiverCity mis en place par le Conseil International Biodiversité & Immobilier (CIBI) en fin d’année 2013, évalue et affiche la performance écologique des bâtiments. Le référentiel se structure autour de 4 axes (déclinés en 27 préoccupations, 94 objectifs et 103 actions) :

  • L’engagement et la connaissance du maître d’ouvrage ;
  • Le projet et la prise en compte de la biodiversité dans le contexte local du maître d’œuvre.
  • Le potentiel écologique de l’ensemble réalisé par un écologue.
  • Les aménités et les services rendus pour les utilisateurs.

Afin d’inciter la prise en compte des aménités environnementales dans les projets, différentes préoccupations sont proposées :

  • Permettre l’accès physique à la nature : espaces naturels, parcs de proximité, accessibilité pour tous, activités d’appropriation...
  • L’identification et la valorisation des aménités : préserver les aménités existantes, créer de nouvelles aménités écologiques, valoriser les aménités...
  • Favoriser le lien social : en favorisant le contact entre les usagers des bâtiments et en accompagnant le projet ;
  • Participation à l’amélioration de la santé et du confort  : veiller à la santé des usagers, participer au confort urbain et lutter contre les espèces à risques ;
  • Faciliter la relation affective avec les éléments de nature : en maximisant les vues sur l’environnement, en favorisant les odeurs de nature, en mettant en scène les bruits de la nature, en développant le toucher et en encourageant la possibilité de goûter du local ;
  • Proposer des services culturels  : en s’appuyant sur des références ethno-culturelles et en développant les services éducatifs ;
  • Mettre en œuvre les services de régulation : cycle de l’eau, dépollution, régulation thermique...

Retour d’expériences : Les jardins à but thérapeutique - Association Jardin & Santé

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L’association Jardins & Santé a été créée il y a 10 ans en 2004, suite à la réticence des établissements médico-sociaux français à avoir des jardins. Ils ont voulu ouvrir des « healing gardens » comme les anglais. Ils ont décidé d’ouvrir des jardins privés et de collecter des fonds pour financer la création de jardins dans les centres médico-sociaux.

Ainsi, le CHU de Nancy, qui traite des difficultés cognitives et comportementales avec une orientation en gériatrie et en neurologie, développe depuis longtemps ces jardins thérapeutiques. C’est grâce à l’investissement du Dr. Thérèse Jonveaux qui publie énormément sur les jardins et la maladie d’Alzheimer que cela a été rendu possible. Une étude a été réalisée pour évaluer les bienfaits des Jardins à but thérapeutiques (JABT) sur les patients et le personnel médical :

  • Les soignants sont très sollicités nerveusement dans ce genre de métier et apprécient beaucoup les JABT.
  • Les patients ressentent de l’apaisement : amélioration de l’humeur, endormissement plus facile. Les personnes qui avaient peur d’aller dehors sont attirées par le jardin. Toutefois, mais il peut demeurer des craintes comme certains autistes ayant peur de toucher la terre.

Ce sont les résultats très positifs de l’enquête qui ont convaincu le personnel de l’hôpital de l’utilité
du JABT.

Après plusieurs années d’expérience, il semblerait que la réussite d’une projet de JABT passe par quelques règles :

  • Rompre avec le milieu hospitalier habituel : en faire sortir les patients
  • Accessibilité : surfaces suffisamment compacts : fauteuils roulants et déambulatoires
  • Toilettes à proximité
  • Afficher temps : cadran solaire, horloge
  • Installer un point d’eau : pour que les patients puissent toucher et écouter l’eau couler
  • Il faut prévoir de l’ombre et des zones de transition progressives entre ombre et lumière
  • Plantes : on peut y mettre des plantes vernaculaires, des plantes intéressantes mais surtout pas de plantes dangereuses.

Pour aller plus loin :

Atout france. (2014). Valoriser la nature en ville : vecteur de bien-être et d’innovation touristique.
Chahine, A. (2014). Retour d’expérience sur les bienfaits des Jardins à But Thérapeutique (JABT) et du jardinage sur les personnes handicapées par des maladies mentales. Paris.
Guéguen, N., & Meineri, S. (2012). Pourquoi la nature nous fait du bien. Dunod.
Laille, P., Provendier, D., Colson, F., & Salanié, J. (2013). Les bienfaits du végétal en ville : étude des travaux scientifiques et méthode d’analyse. Angers : Plante & Cité.
Lemoine, O. (2014). L’axe 4 du référentiel « BiodiverCity » : Une incitation à valoriser le bien être dans les zones construites grâce à la présence de biodiversité. Paris.
Stefan, J. (2014). Influence des plantes d’intérieur et d’extérieur. Paris.

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Urbanisme Bâti et Biodiversité

Avec le soutien financier de :

Conseil Régional d’Aquitaine

Fondation Gecina