Toitures végétalisées : les différents systèmes

La végétalisation des toitures correspond à la pose sur le toit d’un substrat végétalisé. Le système est déterminé par l’épaisseur du substrat et par conséquent la végétation potentielle qui peut y être implantée. La toiture et la structure du bâtiment devront répondre aux caractéristiques du système choisi (potentiel de surcharge). Cette fiche est une vue d’ensemble des informations techniques sur les différents systèmes existants, de nombreux documents techniques plus approfondis ayant déjà été publiés. Le toit “biodiversité”, nouveau concept de toiture végétalisée, est ensuite présenté.

Structure d'une toiture végétalisée

Techniques mises en œuvre

Les toitures extensives correspondent à une plantation sur un substrat de faible épaisseur qu’il n’est pas nécessaire d’arroser (sinon au moment de la plantation et lorsque les conditions climatiques après plantation le nécessitent). C’est le système le plus répandu et qui demande le moins d’entretien, mais présente aussi le moins d’intérêt écologique.

Les toitures semi-extensives (aussi appelées intensives simples ou semi-intensives) sont un type intermédiaire. La végétation peut atteindre jusqu’à 30 cm et peut contenir des arbustes. L’arrosage est indispensable et les déchets sont alors plus importants à cause de la végétation plus imposante. Une taille des arbustes peut aussi être nécessaire.

Les toitures intensives permettent la création de vrais “jardins suspendus” ou “toitures jardins” en terre naturelle traditionnelle. Contrairement aux autres techniques, la végétalisation intensive de toiture peut accueillir une flore plus dense tels que des ligneux. Cette technique représente une lourde contrainte d’installation due au surpoids et un coût supplémentaire. Cependant, une toiture végétalisée intensive peut créer un réel écosystème de substitution en milieu urbain.

Favoriser la biodiversité

Toutes les toitures végétalisées présentent un intérêt pour la biodiversité car elles permettent la mise en place d’un écosystème plus complexe qu’une toiture classique. Le substrat peut servir pour la nidification et la végétation comme ressource en pollen, nectar et d’abris pour de nombreux insectes, à condition de prendre en compte la biodiversité lors de son installation. Les toitures végétalisées extensives n’ont pas comme caractéristique principale de créer des habitats favorables à la biodiversité. Les conditions hostiles de survie sur un toit pour la flore et la faune sont exacerbées par la fine épaisseur de substrat. Cependant, des éléments extérieurs à la toiture elle-même, permettraient d’augmenter la capacité de support en terme de biodiversité (voir fiche 3). Les toitures végétalisées intensives sont les plus à même de favoriser la biodiversité puisqu’elles peuvent présenter plusieurs strates végétales. Cependant, elles sont coûteuses et difficiles à mettre en place. La toiture “biodiversité” se situe dans la diversité des différentes techniques. Elle doit venir en complément des plantes grimpantes qui prennent les façades d’assaut, aux arbres d’alignement qui apportent un peu de nature à nos trottoirs minéraux. Elle est comme une continuité dans le maillage vert qui se veut à plusieurs dimensions.

La toiture “biodiversité”

La diversité dans la conception des toits végétalisés favorise une faune et une flore variées. La valeur écologique d’un toit sera ainsi accrue par :

  • la variété des hauteurs et des pentes du toit
  • la mise en place de zones différenciées également au regard de l’humidité et du vent
  • l’apport de substrat de granulométrie et de poids différents
  • l’apport de bois mort, de roches et autres matériaux naturels
  • un grand éventail de plantes à drainage naturel ou faiblement drainées
  • la constitution de buttes et de microreliefs créant ainsi des profondeurs variées
  • l’introduction de zones d’ombre et de lumière différenciées.

Ces différentes caractéristiques permettent de créer des habitats différents, ouvrant de plus grandes capacités d’accueil pour la biodiversité.

De plus, lors de l’installation d’une toiture végétale en vue de favoriser la biodiversité, le type de substrat utilisé et de fleurs plantées doit être pris en considération. Le substrat doit être de différentes épaisseurs et être composé avec du sol naturel des zones alentours (voir fiche 2). La végétation doit être variée et composée d’espèces indigènes résistantes aux conditions de vie sur un toit (voir fiche 4).

Afin d’obtenir un toit végétal conçu pour le développement de la biodiversité, l’accompagnement par un écologue chargé de valider le choix des plantes locales, du substrat et des différentes strates végétales est fortement conseillé.

Enfin, une gestion réduite ou absente permet la création d’une plus grande quantité de nourriture (tiges mortes, fruits, graines). L’entretien de la végétation doit limiter l’utilisation d’eau et de produits phytosanitaires. Il est aussi important de penser en amont lors de la conception des toitures à regrouper les équipements de toiture susceptible de faire l’objet d’interventions d’entretien (par exemple changement des filtres des CTA ou des Rooftop) dans une zone dédiée, autant que possible à l’écart des zones susceptibles d’abriter des nids. L’entretien des toitures ne doit pas être réalisé durant la période de nidification des oiseaux de mars à juillet.

La toiture “biodiversité” permet de créer un réseau réel et plus vaste d’espaces verts et d’habitats fonctionnels au centre des villes.

Développement des mesures favorisant les toits végétalisés

La création d’un toit favorisant la biodiversité nécessite une bonne coopération entre les autorités locales, les scientifiques, les architectes, les entrepreneurs et les entreprises spécialisées dans les toits végétalisés. Il existe aujourd’hui peu de mesures incitatives pour l’installation de toitures végétalisées en France. Leur développement pourrait être favorisé par la création des mesures suivantes :

  • rétrocession de surface dans le calcul du COS
  • augmentation du plafond des prêts bonifiés
  • crédit d’impôt
  • aides financières des collectivités territoriales et agences de l’eau (exemple Région Île de France)
  • réduction de la taxe d’assainissement (au prorata des volumes retenus).

Règlementation

En France, tout ce qui concerne la construction est défini par les normes DTU ou Documents Techniques Unifiés.
La toiture végétalisée ne possède pas de DTU spécifique mais peut être abordée à travers les DTU suivants :

  • DTU 43,1 « travaux d’étanchéité des toitures-terrasses avec éléments porteurs de maçonnerie »,
  • DTU 43.3 « étanchéité de toiture avec élément porteur en tôles d’acier nervurées »,
  • DTU 43.4 « étanchéité de toiture avec élément porteur en bois »,
  • DTU 43.5 pour les travaux de réfection.

Ces DTU traitent surtout des toitures végétalisées intensives de type terrasse-jardin. Les toitures végétalisées extensives ne font pas l’objet de DTU mais d’avis technique du CSTB ce qui leur confère une « assurabilité ». L’avis technique est attribué procédé par procédé.

Pour compléter cette réglementation, la Chambre Syndicale Française de l’Etanchéité (CSFE), l’ADIVET, le Syndicat National du Profilage des Produits Plats en Acier (SNPPPA) et l’Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage (UNEP) ont mis au point des règles professionnelles pour la conception et la réalisation des toitures et terrasses végétalisées extensives et semi-intensives. Ces règles se limitent au cas des toitures de pente inférieure ou égale à 20 %.

Urbanisme Bâti et Biodiversité

Avec le soutien financier de :

Conseil Régional d’Aquitaine

Fondation Gecina